île singulière, île bleue

Oui, je crois qu'on peut tomber amoureuse, amoureux d'une ville, au même titre qu'on tombe amoureuse, amoureux, d'un homme ou d'une femme. On aime tout d'elle, même les petites choses qui ne vont pas. Quand on est loin d'elle, on est mélancolique, on est en manque. Il suffit de fermer les yeux pour la revoir : sa lumière, sa profusion, son fabuleux désordre ; pour la sentir : le vent, l'eau, le sel ; l'écouter, la toucher, se l'approprier dans un rêve et se promettre de la retrouver très vite, le plus vite possible, et même envisager le jour où il ne sera plus jamais question de la quitter.

J'ai eu ce coup de foudre pour Lyon, il y a très longtemps. Sa lumière est celle de Prague. Elle berce des péniches le long des berges de Saône. Elle est verte ! ... autant qu'est bleue mon île bleue.

Entre les deux mon cœur balance. Ma mémoire attachée pour toujours aux murs, aux rues de Lyon. Tout mon être assoiffé de Sète, tellement soif de Sète, qu'il pourrait boire la mer entière.